La France a une chance que d’autres pays n’ont pas.
Fin juin s'est achevé le 1er acte d'un processus qui représente une bouffée d'air frais démocratique et qui répond aux enjeux du moment : la Convention Citoyenne pour le Climat.
Après 9 mois de travail, 150 citoyens, représentatifs de la diversité française, ont réussi à mettre de côté leurs différences et à se rallier massivement derrière des mesures à la fois ambitieuses et applicables.
Des propositions pour réorienter notre société vers des pratiques plus respectueuses de notre avenir; dans un contexte où des sommes énormes sont injectées dans l'économie, et où nous manquons de temps.
Nous lançons un appel aux citoyens de tous bords - engagés ou pas, associations, entreprises et politiques, qui pensent comme nous que nous sommes à un moment clé et que nous avons tous un rôle à jouer.
Soutenons-les !
Les propositions de la Convention ne seront pas simples à adopter.
Elles vont bousculer nos habitudes.
Pour les français, certaines propositions vont être compliquées à entendre ou mal comprises.
Au gouvernement, elles risquent d'être mises en balance avec des priorités de court-terme ou de rencontrer des oppositions.
C'est dans ce contexte que nous souhaitons donner la possibilité aux français d'exprimer leur soutien à la Convention Citoyenne pour le Climat.
La Convention Citoyenne pour le Climat est composée de citoyens comme vous et moi, tirés au sort, représentatifs de la diversité française, qui, pendant 9 mois, se sont informés, ont auditionné des experts, débattu et on fait mûrir leurs réflexions. C’est notre intelligence collective mise au service de l’intérêt général.
Leur mandat :
Trouver des mesures pour réduire les émission de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale.
Citoyennes et citoyens libres, indépendants de tout parti ou influence, représentatifs de la société : nous sommes 150 femmes et hommes âgés de 16 à 80 ans, de toutes origines et professions. Nous avons été sélectionnés par tirage au sort selon une génération aléatoire de numéros de téléphone, sans nous être portés volontaires préalablement, pour être membres de la convention citoyenne pour le climat afin que nous formions une image de la société française capable de vous représenter.
Nous avons vécu ensemble, pendant neuf mois, une expérience humaine inédite et intense, qui nous a amenés à prendre conscience de l’impérieuse nécessité d’un changement profond de l’organisation de notre société et de nos façons de vivre. (...) Ce que nous avons vécu est une véritable prise de conscience de l’urgence climatique.
Dans une démocratie représentative, les élections ne sont pas une fin en soi, c'est un moyen de choisir nos représentants. Il en existe d'autres, comme le tirage au sort.
Les citoyens de la Convention sont, par définition, représentatifs de la société française. C'est un échantillon représentatif de la société en terme d'âge, de sexe, de classe socio-professionnelle et de répartition géographique. A cet égard, on peut même dire qu'ils sont plus représentatifs que les élus.
Le système politique actuel, en France comme ailleurs, souffre de plusieurs maux : oppositions partisanes, lobbies, court-termisme. La plupart sont liés aux échéances électorales, et les hommes et femmes politiques sont victimes de cette situation.
Une assemblée citoyenne court-circuite ces travers et, quand les sujets à traiter sont trop brûlants, peut venir en aide aux structures politiques classiques.
C'est un outil démocratique à découvrir car il favorise une démocratie plus apaisée et plus efficace.
L’Institut de la transition environnementale Sorbonne Université (SU-ITE) a assuré, avec l’Institut des politiques publiques et Paris Dauphine/PSL, un service de « fact-checking » pendant la Convention, en réponse aux questions des groupes de travail.
Pour éviter d'influencer les 150 citoyens, ce travail s’est fait sans entrer en relation directe avec ceux-ci, par l’intermédiaire des animateurs de la Convention Citoyenne.
Laurence Eymard et Christian Simon, du SU-ITE, livrent leurs impressions sur le processus démocratique.
Les 150 personnes tirées au hasard avaient (et probablement gardent) des positions et des intérêts personnels très divers. [...] Il est intéressant de noter que les propositions ont été votées, souvent avec de fortes majorités. Cela démontre que les 150 citoyens se sont approprié les enjeux du changement climatique, ont compris combien il était nécessaire de dépasser les intérêts personnels ou à court terme, pour limiter ses conséquences. Ils ont produit du consensus au-delà de ce que le débat public avait permis jusqu’ici.
Adrien Fabre, étudiant chercheur en économie, a fait partie des chercheurs invités à suivre la Convention de l'intérieur tout au long de leurs travaux.
Pour avoir étudié de près cette expérience unique de démocratie par le tirage au sort initiée en septembre, j'ai pu observer les avantages et les défauts d'une telle approche. Mon impression générale est extrêmement positive : les 150 se sont montrés à la hauteur des enjeux, acquérant rapidement une expertise sur le sujet qui leur a été attribué (se loger, se déplacer, se nourrir, consommer, ou produire et travailler), menant les débats d'une façon constructive et bienveillante, et construisant des propositions précises grâce au soutien d'experts.
Nous trouverons tous des mesures qui nous conviennent et d’autres moins.
Sans renoncer à nos sensibilités, il est temps de s’allier derrière des propositions qui ont une forte légitimité démocratique et qui, en tant que propositions formant un ensemble cohérent, sont ce qu’il y a de plus abouti sur la table du gouvernement.